Le cinéma bientot victime du syndrome MP3 ?

Le piratage des films sur Internet pourrait prendre une nouvelle dimension avec la mise au point d’un nouveau format de compression vidéo non officiel : le DivX.

Le piratage d’oeuvres audiovisuelles sur le Net n’est pas nouveau. Dès leur sortie, des films tels que la Guerre des étoiles, Matrix, ou le projet Blair Witch, ont fait l’objet de contrefaçons en libre circulation sur la Toile. Il s’agissait le plus souvent de versions de médiocre qualité mais plein écran, encodées au format MPEG1 (vidéo CD) qui permet d’obtenir une résolution d’image semblable au VHS. Depuis décembre dernier, grâce à l’acharnement de quelques développeurs-hackers, les fans de cinéma disposent d'un nouveau format de compression vidéo : le DivX, aussi appelé dubbed DivX pour le différencier de son défunt homonyme qui était censé devenir le standard du DVD. Développé sans aucune concertation avec l’industrie du cinéma, ce format circule pour l’instant « sous le manteau », en freeware, dans les milieux underground des « nerds » cinéphiles.

Les auteurs de cette bombe à retardement pour l’industrie cinématographique se seraient inspirés des spécifications d’un format propriétaire de compression vidéo, mis au point par Microsoft pour son Media Player, qu’ils auraient ensuite associées à la technique de compression audio MP3. Ce type d’encodage se révèle beaucoup plus performant que le MPEG1 : l'utilisateur obtient un son cinéma avec des images de bien meilleure résolution, tout en requérant beaucoup moins de ressources dans l'ordinateur. Le DivX permet de transférer le contenu d’un DVD sur un simple CD-Rom. Avec une connexion haut débit, il est possible de récupérer une version haute résolution et son cinéma de Mars Attack en moins de quatre heures et de la stocker sur un CD-Rom de 700 Mo.

Effet boule de neige

Dès la sortie des premiers encodeurs en février, de nombreux DVD ont été "rippés" (copiés) et distribués au format DivX sur des FTP pirates de la Toile. Dans le même temps, le développement de logiciels de partage de fichiers multimédia, comme Gnutella ou plus récemment Freenet, a favorisé l’émergence d’une véritable bourse d’échange de films piratés, selon le même processus que Napster avec les fichiers MP3. Jusqu'à présent, la naissance du DivX n’a guère suscité de réactions de la part des professionnels du cinéma, qui considèrent le phénomène comme marginal. On notera toutefois que le site particulier qui proposait le plug-in DivX du Media Player vient d’être fermé par l’hébergeur, sur plainte déposée par Pixar animation studios. Les contentieux autour de ce nouveau format ne font sans doute que commencer.

Edité en février 1999